Les rocailles et décors de faux bois réalisés en ciment constituent en France un patrimoine abondant, pourtant méconnu, en particulier dans sa matérialité. Pittoresque, populaire et bourgeois à la fois, cet art de faussaires s’est fortement développé en France au milieu du XIXe siècle, avec l’apparition des ciments industriels et du béton armé.
Les parcs et les jardins se dotent, partout en France, à l’aide de mortier de ciment armé, de fausses grottes, de kiosques, d’escaliers, de ponts, de garde-corps, de bancs, imitant la nature, la pierre, mais surtout le bois dans toutes ses essences. Ces constructions constituent des éléments essentiels des promenades paysagères. Aujourd’hui, ce patrimoine souffre de nombreuses dégradations, liées principalement à la corrosion des armatures dans les mortiers et les bétons.
Le Laboratoire de recherche des monuments historiques (LRMH) coordonne un projet de recherche sur cette architecture oubliée de nos parcs publics, en s’intéressant d’une part aux techniques et savoir-faire des rocailleurs, et d’autre part à la matérialité ainsi qu’à la conservation de ces œuvres, en adoptant une approche multi-échelle pour les caractériser. Retenu pour la programmation scientifique 2023 de la FSP, ce projet associe le Laboratoire de l’École nationale supérieure d’architecture de Versailles (LéaV), le Bureau d’étude SECCO et les ateliers du Paysage.
En venant compléter les moyens déjà mobilisés par la Fondation des sciences du patrimoine, la Fondation Louis Vicat va permettre la réalisation d’un programme complet d’actions qui se déroulera sur 2 ans avec :
- L’étude du savoir-faire, des techniques et des matériaux utilisés par les rocailleurs, du XIXe siècle, mais également des pratiques adoptées depuis les années 2000, à travers une approche transdisciplinaire historique, paysagère et architecturale, combinée à un programme d’analyses, in situ et en laboratoire. Les savoir-faire du XIXe siècle seront ainsi comparés avec l’actuelle culture des rocailles et aux principales réalisations des vingt dernières années.
- L’identification des différentes pathologies affectant ce patrimoine, ainsi que l’influence de l’environnement sur son vieillissement, grâce à l’emploi de techniques non destructives directement appliquées sur les décors, complétées par des analyses en laboratoires sur des prélèvements.
- L’expérimentation de différentes techniques de nettoyage et de restauration et en particulier l’évaluation de l’efficacité de la mise en œuvre de nouvelles anodes sacrificielles pour lutter contre la corrosion des armatures dans les décors de rocailles.