Evenements scientifique
Colloque : Quelles créations pour quels Versailles ?
Dates et lieux :
Les 24 et 25 octobre 2024
Campus Versailles
3 avenue Rockefeller
Grande Ecurie du Roi 78000 Versailles
Coordination scientifique :
Chantal Lapeyre, Professeure en littérature française à l’UMR Héritages (9022), CY Cergy Paris Université
Anabelle Machou, Doctorante en littérature à l’UMR Héritages (9022), CY Cergy Paris Univeristé, Fondation des Sciences du Patrimoine
Ce colloque est en lien avec la thèse Classica.
Chantal Lapeyre, Professeure en littérature française à l’UMR Héritages (9022), CY Cergy Paris Université
Anabelle Machou, Doctorante en littérature à l’UMR Héritages (9022), CY Cergy Paris Univeristé, Fondation des Sciences du Patrimoine
Ce colloque est en lien avec la thèse Classica.
Programme :
Découvrir le programme.
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Ce colloque, qui se tiendra les 24 et 25 octobre a pour thématique le rapport entre les lieux patrimoniaux et les gestes de création. Il propose d’étudier les processus et mécanismes qui président au geste créateur et ce dans un espace complexe et particulier, le château de Versailles. Cette exploration de la création contemporaine en territoire versaillais est pensée autour de trois axes principaux que sont le geste, la parole et le corps. Le colloque réunira artistes, auteurs et chercheurs pour des communications scientifiques, des entretiens mais aussi des performances artistiques tout au long de ces deux journées.
Publié le 7 octobre 2024 -
Pour un état …des lieux
« Il nous faut réapprendre à penser l’espace.», écrivait Marc Augé. Or c’est bien à cette pensée de l’espace, à renouveler sans cesse, peut être, que conduisent nombre des analyses proposées par Bruno Latour. Tirant leçon de l’expérience des confinements, ce dernier montre la nécessité d’atterrir l à où nous sommes. La crise climatique, selon le philosophe, nous enjoint de faire retour sur nos lieux, de les prendre en considération pour ce qu’ils sont, proches ou lointains, et de nous interroger à leur sujet pour y déceler peut être les jeux de dépendance qui nous y relient. Or, précisément, qu’est ce qu’un lieu ? Quels liens entretient il avec l’espace ? En un certain sens, il n’est de lieu que relationnel : il ne surgit à l’existence, ne s’établit que dans la relation à quelque chose, à quelqu’un, qui l’authentifie au sein d’un espace plus vaste, plus indéterminé, même s’il est étroitement circonscrit. C’est cette dépendance, cette relation à ce lieu, que le colloque projette d’interroger. Parmi les lieux auxquels nous sommes liés (et reliés), il en est certains qui occupent une place particulière, parce qu’ils fédèrent autour d’eux des représentations, des fantasmes, des espoirs aussi peut être. Ainsi en est il de ce que l’anthropologue André Micoud nomme les « hauts lieux », en s’appuyant sur un constat : « Les sciences humaines, à notre connaissance, ne se sont pas beaucoup intéressés à ces lieux singuliers, qu’ils soient célèbres et publics, ou modestes et communautaire s. Comment ils ont été choisis, transformés, oubliés ; pourquoi ceux là et non pas tels autres ; qui sont ceux qui les ont inventés et investis ; pourquoi certains revivent ils tout à coup, et qu’y trouvent donc ceux qui s’y rendent en pèlerinage » Certe s, depuis 1991, date de publication du volume collectif qui rassemble les contributions au séminaire originel, les sciences humaines ont développé cette recherche, et notamment dans la lignée des travaux fondateurs à cet égard de Daniel Fabre, mettant en a vant la notion d’émotions patrimoniales ou de Véronique Dassié interrogeant l’émotion qui a surgi après la tempête de 1999 qui a ravagé le parc du Château de Versailles dans Des arbres au coeur d’une émotion. Or précisément c’est une forme particulière d’émotion que le colloque aimerait analyser, celle qui conduit à la création du moins est ce l’hypothèse que nous émettons. Dans ce contexte les questions posées par André Micoud sont précieuses à la condition d’être reformulées : existe t il des lieux plus spécifiquement porteurs de création ? Quelles en sont dès lors les coordonnées spatiales, esthétiques, idéologiques, fantasmatiques ? Peut on déceler une périodicité dans leur investissement ? Quels processus de création engendrent ils ? Selon quelles modalités ? Pour répondre à cette question, l’analyse des créations nées d’un lieu éminent, un « haut lieu » donc, s’imposait, en portant une attention toute particulière aux gestes qu’elles ont mobilisés.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1979, le château de Versailles accueille chaque année plus de sept millions de visiteurs. Cet ancien pavillon de chasse de Louis XIII, édifié en 1623, est devenu au fil des siècles un haut lieu de l’Histoire de France et du patrimoine. Vaste ensemble palatial à la fois architectural, végétal et aquatique, Versailles a été le lieu d’exercice du pouvoir de la monarchie française du règne de Louis XIV à Louis XVI. Dès 1662, Louis XIV ordonne d’importantes phases de travaux au château afin d’y fixer son administration et une partie de la noblesse en 1682. Si Versailles est un lieu de résidence, il est déjà sous l’Ancien Régime un lieu de création et de spectacle où la musique, le théâtre et la danse se côtoient. C’est sous le règne de Louis Philippe en 1837 que le château devient un musée, fonction qu’il occupe encore aujourd’hui. Également palais de la République, Versailles a vu l’élection de plusieurs présidents de la III e République par le Parlement réuni en Congrès. C’est grâce au mécénat du milliardaire américain John D. Rockefeller que le château réalise dès 1924 de nouveaux travaux et d’importantes restaurations. Lieu touristique majeur en France aux côtés du palais du Louvre ou de la cathédrale Notre Dame, le château reste également aujourd’hui un espace de la diplomatie française où se déroulent des réceptions de politiques et personnalités étrangères ou encore l’organisation d’évènements de plus grande ampleur comme le G7 de l’année 1982.« Le lieu n’est pas chose qu’on admire. Il est ce qui nous parle D’une voix sourde le plus souvent, et qu’il faut savoir reconnaître, mais bientôt insistante.», écrit Roger Munier. Au delà de la clameur d’évidence d’évidence4 portée avec éclat par sa valeur symbolique, comment le château de Versailles nous parle t il, à chacun et à tous, et en particulier aux créateurs ? Entendent ils une nuance singulière de cette voix, passant peut être, le plus souvent, inaperçue, recouvert e qu’elle est par la renommée du haut lieu ? L’objectif sera ici d’établir une première cartographie des gestes de création mobilisés dans les oeuvres nées de Versailles dans la période contemporaine, échos peut être de cette voix amuïe, pour en mesurer les enjeux d’abord, mais aussi pour approcher de plus près la fabrique des oeuvres dans sa dimension la plus concrète. Comment les artistes travaillent ils quand Versailles est à la source du processus qui s’enclenche ? Se font ils enquêteurs de terrain ? Quel les sources, et quelles ressources mobilisent ils ?
Le colloque tentera de répondre à ces questions autour de trois axes : le corps, la parole et le geste. Ces trois orientations permettront d’explorer des disciplines artistiques aussi variées que la danse, la littérature, la photographie ou encore le cinéma. Cette réflexion spécifique sur la création s’inscrit dans un champ encore inexploré par la recherche sur le château de Versailles. En effet, les études générales sur la création dans ce lieu patrimonial sont encore rares rares5. Ce colloque pose ainsi les premiers jalons d’une réflexion que nous espérons féconde sur les liens entre patrimoine et création au château de Versailles.
« Il nous faut réapprendre à penser l’espace.», écrivait Marc Augé. Or c’est bien à cette pensée de l’espace, à renouveler sans cesse, peut être, que conduisent nombre des analyses proposées par Bruno Latour. Tirant leçon de l’expérience des confinements, ce dernier montre la nécessité d’atterrir l à où nous sommes. La crise climatique, selon le philosophe, nous enjoint de faire retour sur nos lieux, de les prendre en considération pour ce qu’ils sont, proches ou lointains, et de nous interroger à leur sujet pour y déceler peut être les jeux de dépendance qui nous y relient. Or, précisément, qu’est ce qu’un lieu ? Quels liens entretient il avec l’espace ? En un certain sens, il n’est de lieu que relationnel : il ne surgit à l’existence, ne s’établit que dans la relation à quelque chose, à quelqu’un, qui l’authentifie au sein d’un espace plus vaste, plus indéterminé, même s’il est étroitement circonscrit. C’est cette dépendance, cette relation à ce lieu, que le colloque projette d’interroger. Parmi les lieux auxquels nous sommes liés (et reliés), il en est certains qui occupent une place particulière, parce qu’ils fédèrent autour d’eux des représentations, des fantasmes, des espoirs aussi peut être. Ainsi en est il de ce que l’anthropologue André Micoud nomme les « hauts lieux », en s’appuyant sur un constat : « Les sciences humaines, à notre connaissance, ne se sont pas beaucoup intéressés à ces lieux singuliers, qu’ils soient célèbres et publics, ou modestes et communautaire s. Comment ils ont été choisis, transformés, oubliés ; pourquoi ceux là et non pas tels autres ; qui sont ceux qui les ont inventés et investis ; pourquoi certains revivent ils tout à coup, et qu’y trouvent donc ceux qui s’y rendent en pèlerinage » Certe s, depuis 1991, date de publication du volume collectif qui rassemble les contributions au séminaire originel, les sciences humaines ont développé cette recherche, et notamment dans la lignée des travaux fondateurs à cet égard de Daniel Fabre, mettant en a vant la notion d’émotions patrimoniales ou de Véronique Dassié interrogeant l’émotion qui a surgi après la tempête de 1999 qui a ravagé le parc du Château de Versailles dans Des arbres au coeur d’une émotion. Or précisément c’est une forme particulière d’émotion que le colloque aimerait analyser, celle qui conduit à la création du moins est ce l’hypothèse que nous émettons. Dans ce contexte les questions posées par André Micoud sont précieuses à la condition d’être reformulées : existe t il des lieux plus spécifiquement porteurs de création ? Quelles en sont dès lors les coordonnées spatiales, esthétiques, idéologiques, fantasmatiques ? Peut on déceler une périodicité dans leur investissement ? Quels processus de création engendrent ils ? Selon quelles modalités ? Pour répondre à cette question, l’analyse des créations nées d’un lieu éminent, un « haut lieu » donc, s’imposait, en portant une attention toute particulière aux gestes qu’elles ont mobilisés.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1979, le château de Versailles accueille chaque année plus de sept millions de visiteurs. Cet ancien pavillon de chasse de Louis XIII, édifié en 1623, est devenu au fil des siècles un haut lieu de l’Histoire de France et du patrimoine. Vaste ensemble palatial à la fois architectural, végétal et aquatique, Versailles a été le lieu d’exercice du pouvoir de la monarchie française du règne de Louis XIV à Louis XVI. Dès 1662, Louis XIV ordonne d’importantes phases de travaux au château afin d’y fixer son administration et une partie de la noblesse en 1682. Si Versailles est un lieu de résidence, il est déjà sous l’Ancien Régime un lieu de création et de spectacle où la musique, le théâtre et la danse se côtoient. C’est sous le règne de Louis Philippe en 1837 que le château devient un musée, fonction qu’il occupe encore aujourd’hui. Également palais de la République, Versailles a vu l’élection de plusieurs présidents de la III e République par le Parlement réuni en Congrès. C’est grâce au mécénat du milliardaire américain John D. Rockefeller que le château réalise dès 1924 de nouveaux travaux et d’importantes restaurations. Lieu touristique majeur en France aux côtés du palais du Louvre ou de la cathédrale Notre Dame, le château reste également aujourd’hui un espace de la diplomatie française où se déroulent des réceptions de politiques et personnalités étrangères ou encore l’organisation d’évènements de plus grande ampleur comme le G7 de l’année 1982.« Le lieu n’est pas chose qu’on admire. Il est ce qui nous parle D’une voix sourde le plus souvent, et qu’il faut savoir reconnaître, mais bientôt insistante.», écrit Roger Munier. Au delà de la clameur d’évidence d’évidence4 portée avec éclat par sa valeur symbolique, comment le château de Versailles nous parle t il, à chacun et à tous, et en particulier aux créateurs ? Entendent ils une nuance singulière de cette voix, passant peut être, le plus souvent, inaperçue, recouvert e qu’elle est par la renommée du haut lieu ? L’objectif sera ici d’établir une première cartographie des gestes de création mobilisés dans les oeuvres nées de Versailles dans la période contemporaine, échos peut être de cette voix amuïe, pour en mesurer les enjeux d’abord, mais aussi pour approcher de plus près la fabrique des oeuvres dans sa dimension la plus concrète. Comment les artistes travaillent ils quand Versailles est à la source du processus qui s’enclenche ? Se font ils enquêteurs de terrain ? Quel les sources, et quelles ressources mobilisent ils ?
Le colloque tentera de répondre à ces questions autour de trois axes : le corps, la parole et le geste. Ces trois orientations permettront d’explorer des disciplines artistiques aussi variées que la danse, la littérature, la photographie ou encore le cinéma. Cette réflexion spécifique sur la création s’inscrit dans un champ encore inexploré par la recherche sur le château de Versailles. En effet, les études générales sur la création dans ce lieu patrimonial sont encore rares rares5. Ce colloque pose ainsi les premiers jalons d’une réflexion que nous espérons féconde sur les liens entre patrimoine et création au château de Versailles.