Résumé :

Cette thèse traite de la protection du patrimoine métallique cuivreux. Dans ce contexte patrimonial, il est nécessaire de préserver la couche de produits de corrosion formée en surface du métal, partie intégrante de l’objet, et de son esthétique. Ainsi, la recherche s’oriente vers le développement de traitements organiques innovants et non toxiques, afin de protéger l’œuvre métallique de la corrosion tout en préservant la couche de produits de corrosion (CPC) caractéristique.

De précédentes études ont montré l’efficacité de l’acide décanoïque sur des cuivres historiques qui, appliqué par immersion, forme un complexant hydrophobe par un phénomène de dissolution-reprécipitation de la CPC externe (brochantite). Il a été notamment mis en évidence l’importance de faire pénétrer le traitement dans la profondeur de la CPC.

L’objectif de ce projet est donc d’étudier et d’optimiser la pénétration du traitement à base d’acide carboxylique inhibiteur de corrosion grâce à la mise en œuvre d’un revêtement sol-gel dopé en acide carboxylique afin, in fine, d’améliorer l’applicabilité opérationnelle sur site de ce type de traitement organique.
L’étude est réalisée sur des acides carboxyliques de longueurs de chaîne de 7, 8 et 10 atomes de carbones dont la taille, inférieure ou égale au composé déjà étudié, vont faciliter l’insertion puis la migration dans le sol-gel. Le solvant utilisé est composé d’eau et d’acétone à 50/50 en volume et la matrice silicatée est l’orthosilicate de tétraméthyle (TMOS), composé simple de mise en oeuvre et permettant une adaptabilité des tailles de pores du réseau de silice aux molécules dopantes. Les traitements sont appliqués par trempage (dip-coating) sur des CPC formées durant environ un siècle sur du cuivre et dont les propriétés physico-chimiques sont représentatives des objets corrodés du patrimoine. L’étude des propriétés de ces traitements est conduite suivant trois axes : i) l’étude des acides carboxyliques et de leur réactivité en solution avec les surfaces de cuivre corrodé, ii) les propriétés physicochimiques du solide sol-gel dopé en acide carboxylique et iii) l’étude des mécanismes d’interaction physico-chimiques entre le traitement et la CPC.

Des caractérisations multi-échelles et multi-techniques sont entreprises afin d’évaluer d’abord à l’échelle macrométrique l’hydrophobicité (angle de contact), le changement de couleur (colorimétrie) et la composition chimique des surfaces (thermogravimétrie ATG, Raman, MEB-EDS). La porosité et la répartition des acides au sein de la matrice sol-gel sont évaluées par l’établissement d’isothermes d’adsorption et de désorption de N2 à la température de N2 liquide (porosimétrie BET) sur des monolithes de sol-gels dopés en acides carboxyliques, et la pénétration du traitement dans la CPC est étudiée à l’échelle micrométrique par des analyses sur coupes transverses (Raman, MEB-EDS).

Les résultats montrent que tous les acides carboxyliques employés, soit en solution soit dans les sol-gels, forment des complexes organométalliques à la surface des coupons de cuivre corrodé dont la densité de recouvrement dépend de leur longueur de chaîne. Tous les traitements sol-gels dopés en acide conduisent à l’hydrophobisation des surfaces, sans impact sensible sur le changement de couleur. Enfin, l’étude des CPC par spectroscopie Raman et MEB-EDS sur coupes transverses indique la présence de la matrice sol-gel ainsi que de l’acide – mélange d’acide carboxylique et de carboxylate de cuivre – en profondeur de la CPC externe de brochantite jusqu’à l’interface avec la CPC interne de cuprite.

Ces résultats encourageants ouvrent la voie d’une part vers des tests d’altération sur site afin de déterminer la tenue de ces traitements en conditions représentatives, et d’autre part vers l’étude du développement d’une application par spray qui facilitera l’application sur site.

Composition du jury :

  • Christine Richter, Professeure des Universités, LPMS CY Université
  • Delphine Neff, Directrice de Recherche CEA, NIMBE/LAPA-CEA
  • Thu-hoa Tran-thi, Directrice de Recherche CNRS, NIMBE/LEDNA-CEA
  • Muriel Bouttemy, Ingénieure de Recherche CNRS, Institut Lavoisier, UVSQ Versailles
  • Edith Joseph, Professeure Associée, Université de Lausanne
  • François Mirambet, Ingénieur de Recherche Ministère de la Culture, C2RMF Paris
  • Albert Noumowe, Professeur des Universités, CY Université
  • Emmanuel Rocca, Maître de Conférence, Université de Lorraine
  • Elodie Guilminot, Ingénieure de Recherche, Laboratoire Arc’Antique (invitée)

Résumé :

L’objectif de cette thèse est de développer des méthodes sémantiques de réassemblage dans le cadre compliqué des collections patrimoniales, où certains blocs sont érodés ou manquants. Le remontage de vestiges archéologiques est une tâche importante pour les sciences du patrimoine : il permet d’améliorer la compréhension et la conservation des vestiges et artefacts anciens. Certains ensembles de fragments ne peuvent être réassemblés grâce aux techniques utilisant les informations de contour et les continuités visuelles. Il est alors nécessaire d’extraire les informations sémantiques des fragments et de les interpréter. Ces tâches peuvent être accomplies automatiquement grâce aux techniques d’apprentissage profond couplées à un solveur, c’est-à-dire un algorithme de prise de décision sous contraintes. Cette thèse propose deux méthodes de réassemblage sémantique pour fragments 2D avec érosion, ainsi qu’un jeu de données et des métriques d’évaluation. La première méthode, Deepzzle, propose un réseau de neurones auquel succède un solveur. Le réseau de neurones est composé de deux réseaux convolutionnels siamois entraînés à prédire la position relative de deux fragments : il s’agit d’une classification à 9 classes. Le solveur utilise l’algorithme de Dijkstra pour maximiser la probabilité jointe. Deepzzle peut résoudre le cas de fragments manquants et surnuméraires, est capable de traiter une quinzaine de fragments par puzzle, et présente des performances supérieures à l’état de l’art de 25%. La deuxième méthode, Alphazzle, s’inspire d’AlphaZero et de recherche arborescente Monte Carlo (MCTS) à un joueur. Il s’agit d’une méthode itérative d’apprentissage profond par renforcement : à chaque étape, on place un fragment sur le réassemblage en cours. Deux réseaux de neurones guident le MCTS : un prédicteur d’action, qui utilise le fragment et le réassemblage en cours pour proposer une stratégie, et un évaluateur, qui est entraîné à prédire la qualité du résultat futur à partir du réassemblage en cours. Alphazzle prend en compte les relations entre tous les fragments et s’adapte à des puzzles de taille supérieure à ceux résolus par Deepzzle. Par ailleurs, Alphazzle se place dans le cadre patrimonial : en fin de réassemblage, le MCTS n’accède pas à la récompense, contrairement à AlphaZero. En effet, la récompense, qui indique si un puzzle est bien résolu ou non, ne peut être qu’estimée par l’algorithme, car seul un conservateur peut être certain de la qualité d’un réassemblage.

Composition du jury :

Aurélie Bugeau, Maître de conférences, Université de Bordeaux, Rapporteuse

Vincent Lepetit, Directeur de recherches, École des Ponts ParisTech, Rapporteur

Vicky Kalogeiton, Maître de conférences, École Polytechnique, Examinatrice

Blaise Hanczar, Professeur des Universités, Université d’Évry, Examinateur

Nicolas Thome, Professeur des Universités, Conservatoire national des arts et métiers, Examinateur

David Picard, Directeur de recherches, École des Ponts ParisTech, Directeur de thèse

Hedi Tabia, Professeur des Universités, Université d’Évry, Co-directeur de thèse

Vivien Barrière, Maître de conférences, CY Cergy Paris Université, Encadrant

Résumé :

Les cercueils égyptiens dits « à fonds jaunes » de la XXIe Dynastie (1100 av. J.C.) représentent un large fond muséal à travers le monde. Grâce aux approches iconographique, stylistique et archéométrique des collections de musées européens, le Vatican Coffin Project cherche à identifier des ateliers de production. Un protocole commun multi-échelle et multi-spectrale a été développé au C2RMF et appliqué à un corpus d’objets appartenant aux collections du Département des Antiquités Égyptiennes du musée du Louvre. Il a révélé un schéma général de mise en couleur, dont certaines variations peuvent être considérées comme d’éventuelles signatures d’ateliers de production. La position de l’orpiment (As2S3) dans la stratigraphie ainsi que la recette de la couche de polychromie verte sont celles ici développées.

L’orpiment, sulfure d’arsenic jaune, se retrouve à diverses étapes de la mise en couleur : le fond jaune et/ou le vernissage final. L’observation des objets permet d’obtenir une première information superficielle, quand celle des coupes stratigraphiques n’en donne qu’une ponctuelle. Par le couplage de plusieurs techniques in-situ, non-invasive, non-destructive, il a été possible d’obtenir des informations sur la répartition en 3D de ce matériau sur une zone plus représentative de l’objet étudié.

Les couches vertes, quant à elles, couvrent une large gamme de couleurs malgré des compositions élémentaires relativement homogènes, témoignant d’un mélange de matériaux similaires dans des proportions différentes. Au-delà de la variabilité de teintes, plusieurs marqueurs supposent que les phases à base de cuivre aujourd’hui présentes sont les produits de plusieurs réactions pouvant être dues à la technique de mise en œuvre par l’artisan, mais aussi à une dégradation dans le temps. Par la compréhension des mécanismes réactionnels ayant eu lieu au sein des couches vertes, il est recherché la nature originelle des matériaux ayant été employés a été recherchée pour ainsi déterminer les recettes de fabrication.

Le faisceau d’informations rassemblées par les études égyptologiques et matérielles permet d’affiner la connaissance de ce corpus et, peu à peu, d’établir des critères matériels représentatifs de groupes techniques. La fine connaissance de cette production artisanale, permet ainsi d’éclairer le contexte social, religieux et politique qui l’a vu naître.

Composition du jury :

Florence PORCHER, Chercheur au Commissariat à l’Énergie Atomique, Rapporteur

Ludovic BELLOT-GURLET, Professeur des Universités à Sorbonne Université, Rapporteur

Pascal GRIESMAR, Professeur des Universités à CY Cergy-Paris Université, Examinateur

Nancy BRODIE-LINDER, Chercheur à CY Cergy-Paris Université et au Commissariat à l’Énergie Atomique, Directrice

Yvan COQUINOT, Ingénieur de Recherche Ministère de la Culture (C2RMF), Invité

Hélène GUICHARD, Conservateur en Chef au Musée du Louvre, Invitée

Résumé :

Le dévernissage de peintures est une intervention de restauration pratiquée régulièrement par les restaurateurs du patrimoine. Dans certains cas, les méthodes traditionnelles (chimiques ou mécaniques) ne permettent pas d’aboutir à un nettoyage parfaitement contrôlé et sélectif. L’ablation laser UV est envisagée depuis les années 90 pour pallier ces limitations mais son application à des cas réels n’a pas connu les développements escomptés. Par ailleurs, les sources Er:YAG opérant dans l’IR ont permis l’émergence d’une méthode hybride impliquant l’irradiation laser suivie de l’application d’un solvant. Cependant, si cet outil est commercialement disponible, cette approche n’a pas été rigoureusement étudiée.
Cette thèse de doctorat propose une réévaluation de l’utilisation de deux des harmoniques UV du Nd:YAG (266 nm et 213 nm) en régime ns pour le dévernissage de couches picturales inhomogènes et hautement photosensibles, donc au plus près de l’opération de restauration visée. Elle propose également une étude objective de l’utilisation du rayonnement IR de l’Er:YAG en régime μs pour la même application.
Ce travail rend compte des résultats expérimentaux obtenus et propose une critique comparée de l’impact des différentes longueurs d’onde lors de l’interaction laser-matière. L’utilisation du 266 nm pour le dévernissage de peintures, jugée inadéquate dans la littérature, est notamment rediscutée suite à la mise en forme du faisceau vers une répartition spatiale homogène, et des éléments de résolution du problème de la perte de transparence du vernis suite à l’ablation sont proposés. Ces résultats sont également mis en regard avec des zones dévernies à 213 nm sans mise en forme préalable du faisceau, longueur d’onde à laquelle les vernis sont plus absorbants.
Finalement, des simulations basées sur la résolution analytique des équations de la chaleur viennent conforter certains des résultats expérimentaux et permettent d’estimer les paramètres envisageables pour la réalisation d’un outil opérationnel.

Composition du jury :

M. Mohamed OUJJA Chercheur Instituto de Química Física Rocasolano, Madrid Rapporteur
M. Philippe DELAPORTE Directeur de Recherche Université Aix-Marseille Rapporteur
Mme Carole DEUMIE Professeur des Universités Ecole Centrale Marseille Examinatrice
M. Alexandre SEMEROK Directeur de Recherche CEA Saclay Examinateur
M. Stéphane SERFATY Professeur des Universités CY Cergy-Paris Université Examinateur
M. Nicolas WILKIE-CHANCELLIER Professeur des Universités CY Cergy-Paris Université Directeur
M. Vincent DETALLE Ingénieur de recherche Ministère de la Culture (C2RMF) Co-encadrant
M. Michel MENU Chef du département Recherche Ministère de la Culture (C2RMF) Invité

Résumé :

Cette étude s’intéresse à l’altération des pierres de construction utilisées dans les monuments historiques lorsque celles-ci sont exposées à des conditions environnementales extrêmes. Les deux sollicitations sévères abordées durant cette thèse correspondent aux hautes températures (situation incendie) et aux cycles de gel-dégel.

La première partie de ces travaux concerne l’étude du comportement à hautes températures de diverses pierres naturelles. Tout d’abord, des mesures expérimentales à chaud ont permis l’identification des mécanismes élémentaires au cours du chauffage et refroidissement. Ainsi, l’influence de la minéralogie sur la stabilité thermo-chimique de pierres calcaires et siliceuse a été avancée. De plus, des mesures de déformation thermique jusqu’à 1050 °C ont mis en avant le rôle de certains paramètres pétrophysiques sur le comportement mécanique de ces pierres à hautes températures. L’évolution des propriétés thermiques au cours du chauffage a été déterminée. Par ailleurs, l’évolution des propriétés résiduelles (résistance en compression, résistance en traction, module d’élasticité dynamique, porosité totale, coefficient de capillarité) après des cycles de chauffage-refroidissement jusqu’à 800 °C a été déterminée expérimentalement. Des observations microscopiques, couplées à des analyses de porosimétrie au mercure ont permis d’évaluer la modification du réseau poreux. Les résultats de cette étude contribuent au diagnostic des ouvrages et biens patrimoniaux en pierre ayant subi un incendie. Il s’agit d’une part de pouvoir évaluer les conséquences de l’incendie sur la tenue structurelle de l’ouvrage et d’autre part de déterminer les conséquences sur sa durabilité face aux différentes agressions environnementales.

La seconde partie correspond à poursuivre les travaux déjà initiés par [Walbert, 2015] sur l’endommagement par gel-dégel des pierres de construction. De nouvelles pierres d’études ont été intégrées afin d’étendre la gamme des propriétés intrinsèques des matériaux et d’étudier leur influence sur la cinétique d’altération par gel-dégel. La méthodologie multi-échelle d’observation et de caractérisation de la dégradation des pierres, a permis de mettre en avant le caractère prépondérant de certains paramètres intrinsèques sur la cinétique d’altération. Afin de pouvoir généraliser les résultats à l’ensemble des pierres, le développement d’un modèle analytique prédictif s’est avéré particulièrement intéressant. Ainsi, un modèle prenant en compte les propriétés intrinsèques initiales, a été développé, et permet d’estimer la cinétique et l’amplitude d’altération de pierres ayant subi des cycles de gel-dégel. De plus, une partie visant à simuler le cas réel d’une épaisseur de maçonnerie sollicitée de façon unifaciale à des cycles de gel-dégel a été menée. Les résultats obtenus mettent en avant l’évolution du profil de température au sein de la paroi et permettent d’appréhender de façon concrète les phénomènes physiques se déroulant dans les pierres des monuments historiques confrontées à des problèmes d’altération liée au gel-dégel.

Keywords : pierres de construction, patrimoine bâti, incendie, haute température, gel-dégel, endommagement, microstructure, minéralogie, durabilité

Composition du jury :

Jeanne-Sylvine GUÉDON Chargée de recherche HDR, IFSTTAR Rapporteur
Nicolas SCHMITT Professeur, LMT – ENS Paris-Saclay Rapporteur
Stefano DAL PONT Professeur, Université Grenoble-Alpes Examinateur
Sébastien RÉMOND Professeur, Université d’Orléans Examinateur
Javad ESLAMI MCF, CY Cergy Paris Université Co-encandrant
Anne-Lise BEAUCOUR MCF, CY Cergy Paris Université Co-encandrante
Ann BOURGÈS Ingénieur de recherche HDR, LRMH Directrice de thèse
Albert NOUMOWÉ Professeur, CY Cergy Paris Université Directeur de thèse
Véronique VERGÈS-BELMIN Responsable du pôle Pierre, LRMH Invitée

Résumé :

Le chapitre de Notre-Dame de Paris, malgré sa centralité dans l’espace parisien, est resté absent de la récente relecture historiographique des sources médiévales. Convoquant les méthodes de l’archéologie textuelle et les problématiques de l’histoire des pratiques de l’écrit, cette thèse explore les rapports du chapitre à la documentation qu’il produit et conserve, à l’époque de cette révolution quantitative et qualitative qu’est le XIIIe siècle. Revenant sur l’apparition de la chancellerie capitulaire, elle étudie l’évolution de sa production et de son fonctionnement entre XIIe et XIIIe siècles et analyse les rapports qu’elle entretient avec les nouveaux bureaux d’écriture qui se mettent en place à la cathédrale autour de 1210 : les officialités. L’histoire de l’écrit capitulaire étudiée dans cette thèse est également celle de sa conservation sur le long terme, depuis les coffres et les cartulaires du XIIIe siècle jusqu’à la confiscation des archives au moment de la Révolution française. L’étude des pratiques de l’écrit permet plus largement de réfléchir aux problématiques sociales et politiques d’affirmation institutionnelle et d’appropriation du territoire spécifiques à un long XIIIe siècle.

Despite its centrality in the Parisian area, the chapter of Notre-Dame de Paris has remained absent from the recent historiographical focus on medieval sources. Convoking the methods of textual archaeology and the problems of the history of writing practices, this thesis explores the chapter’s relationship to the documentation it produces and preserves at the time of the quantitative and qualitative revolution of the 13th century. Revisiting the emergence of the chapter chancery, it studies the evolution of its production and functioning between the 12th and the 13th centuries and it analyses the relationship it has with the new writing offices that are set up in the cathedral around 1210: the officialities. The history of chapter writing studied in this thesis is also that of its long-term preservation, from the chests and cartularies of the 13th century to the confiscation of the archives during the French Revolution. The study of writing practices makes it possible to reflect more broadly on the social and political stakes of institutional affirmation and appropriation of the territory specific to a long 13th century.

Composition du jury :

M. Pierre CHASTANG, Professeur des Universités, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, Directeur de thèse
Mme Olivier GUYOTJEANNIN, Professeur, École nationale des Chartes, Rapporteur
Mme Julie CLAUSTRE, Maître de Conférences, Université Paris I – Panthéon Sorbonne, Rapporteur
M. Florian MAZEL, Professeur des Universités, Université Rennes 2, Examinateur
Mme Maaike VAN DER LUGT, Professeur des Universités, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, Examinateur
M. Ghislain BRUNEL, Conservateur général du patrimoine, Archives nationales, CoDirecteur de thèse

Résumé :

Cette thèse vise à interroger la nature des conduites esthétiques que l’on peut observer dans des Musées et à explorer les fonctions cognitives sous-jacentes à l’aide d’une plateforme robotique humanoïde « Le robot BERENSON ».

Ce projet interdisciplinaire mêle informatique, robotique et les sciences humaines et sociales. L’hypothèse centrale de la thèse est que l’expérience esthétique en général – et la fréquentation des musées en particulier – offrent un contexte privilégié d’apprentissage, qui incite chacun à percevoir et à apprécier des objets de différents points de vue sur un plan cognitif.

La mise en place d’un modèle développemental, les expériences robotiques dans et hors musée permettent de tester sur le long terme des modèles d’apprentissage autonome. Ces modèles sont constitués de réseaux de neurones simples effectuant des apprentissages de valence et permettant des interactions complexes au niveau social. Nous avons montré que les propriétés émergentes des interactions avec les visiteurs améliorent l’apprentissage du robot dans des situations hors musée. Nous nous concentrons sur la modélisation des mécanismes élémentaires  permettant aux robot d’apprendre à interagir avec un humain à propos d’un objet donné et de communiquer à son sujet.

Composition du jury :

Rachid Alami – LAAS Toulouse – Rapporteur

Nicolas Rougier – INRIA Bordeaux – Rapporteur

Mathias Quoy – Université de Cergy-Pontoise – Examinateur

Peter Ford Dominey – INSERM Dijon ENSTA-ParisTech – Examinateur

Serena Ivaldi – Inria Nancy – Examinateur

Philippe Gaussier – Université de Cergy-Pontoise – Directeur de thèse

Denis Vidal – EHESS Paris – Co-Directeur de thèse

Sofiane Boucenna – Université de Cergy-Pontoise – Encadrant de thèse

Résumé :

Le miroir a menti. Malgré les apparences, malgré une présence multiséculaire de cet objet dans la peinture et la littérature, et malgré même parfois les analyses de certains ouvrages, le miroir constitue un outil et un cadre récents si on considère sa diffusion. À la veille de la Révolution française, il demeure un objet « neuf » pour la majorité de la population française. Si sa démocratisation s’amorce au XVIIIe siècle, elle prend toute sa force et son ampleur au cours du siècle suivant. Cette recherche vise avant tout à explorer les tenants et les aboutissants de ce mouvement historique qui n’a rien de linéaire. Trois axes structurent l’approche. Dans un premier temps, c’est la question de la présence du miroir dans les intérieurs du XVIIIe qui est posée, à travers sa matérialité même, son industrie et l’immense disparité des qualités existantes, comme dans les représentations culturelles (religieuses, morales, sociales et politiques) associées à l’objet. Des discours proposés sur les scènes de théâtre – avec, ou plus fréquemment sans, la présence de l’objet – pour le moquer ou jouer de la méconnaissance des reflets, jusqu’aux discours et débats de la période révolutionnaire accompagnant et légitimant des destructions de glaces nobiliaires, avant que le pragmatisme et les besoins financiers de la République et de l’Empire n’imposent une stricte réglementation de la vente des glaces saisies, le XVIIIe siècle n’est pas avare de considérations sur les miroirs. Le deuxième axe de la recherche se focalise sur le XIXe siècle qui correspond à une explosion de la production et de la consommation des miroirs, accompagnées et aidées en cela par une forte baisse des prix des petits miroirs et plus encore des « glaces » (entendues comme « grands miroirs »). Les « guerres » industrielles entre l’ex-manufacture royale des glaces, Saint-Gobain, et sa rivale Saint-Quirin (avant une entente de cartel), et celles menées contre de populaires petits miroirs et de moyennes glaces provenant de Bavière, forment le terreau favorable aux prémices d’une « consommation de masse ». La chute des prix n’est pas seule en cause. La notion de luxe associée au reflet de soi et à l’attention qu’on peut y porter est également attaquée dans sa dimension de « superflu » quand les espaces publics, les romans, le théâtre, et une réclame textuelle ou visuelle, viennent dire et jouer autour de cette « importance » et « nécessité » des reflets. Distinction, ascension sociale, maîtrise de codes et d’attitudes corporelles, regard attentif et aiguisé s’expérimentent et s’apprennent pour un nombre croissant d’individus, sinon toujours de « citoyens » à part entière dans les différents régimes politiques qui se succèdent au cours du XIXe siècle. Cependant, une société fréquemment agitée dans ses assises sociales et politiques voit des disparités anciennes demeurer et de nouvelles se créer en réaction à une standardisation des apparences plus poussée. De nombreuses stratégies sont développées par les élites, anciennes ou récemment « arrivées ». Et, à travers différents types de miroirs, du petit modèle verdâtre « bas-de-gamme » à la grande, lumineuse et ultra-élitaire psyché, tout un monde social se déploie dans et par les reflets. Les armoires à glace « voient », à partir des années 1850, une classe moyenne qui s’étend et gagne en « importance ». La dernière partie de cette thèse est très largement consacrée à « l’orgie spéculaire et spectaculaire » qui s’épanouit sur les scènes des théâtres et dans les salles de spectacles. Une grande variété de jeux autour des miroirs se met en place, dans les dialogues comme dans des scénographies usant des cadres miroitants et de trucages afin de développer, notamment, une certaine méta-théâtralité, voire une « précinématographie ». Les hybridations artistiques et les influences sur la littérature de ces fêtes de l’œil sont esquissées, ainsi que des pistes pour de prochaines recherches.

The mirror lied. Despite appearances, despite a several centuries-old presence of this object in painting and literature, and sometimes even in the analysis of some books, the mirror constitutes a recent tool and framework in terms of its diffusion. On the eve of the French Revolution, it remained a « new » object for the majority of the French population. While its democratization began in the 18th century, it took on its full force and scope in the following century. This research aims above all at exploring the ins and outs of this historical movement, which is anything but linear. It is organized around three axes. First, the question of the presence of the mirror in 18th century interiors is studed, through its very materiality, its industry and the immense disparity of existing qualities, as well as in the cultural (religious, moral, social and political) representations associated with the object. From speeches pronounced on the stages of theatres, with or more frequently without, the presence of the object, to mock it or play with the ignorance of reflections, to speeches and debates of the revolutionary period accompanying and legitimizing the destruction of noble mirrors, before the pragmatism and financial needs of the Republic and the Empire imposed strict regulations on the sale of seized mirror, the 18th century was not lacking in considerations on mirrors. The second axis of this research focuses on the 19th century that corresponds to an explosion in the production and consumption of mirrors, accompanied and assisted by a sharp drop in prices, small mirrors and even more « large mirrors ». The industrial « wars » between the former royal mirror manufacturer, Saint-Gobain, and its rival Saint-Quirin (before a cartel agreement), and those against popular small and medium-sized mirrors from Bavaria, formed the breeding ground for the first signs of « mass consumption ». The fall in prices is not the only reason. The notion of luxury associated with self-reflection and the attention that can be paid to it is also attacked in its « superfluous » dimension when public spaces, novels, theatre, and a textual or visual advertisement come to say and play around this « importance » and « necessity » of reflections. Distinction, social ascension, mastery of codes and of body attitudes, attentive and sharpened eyes are experienced and learned by an increasing number of individuals, if not always full-fledged « citizens » in the various political regimes that followed one another during the 19th century. However, a society that is frequently restless in its social and political foundations sees old disparities remain and new ones apperar in response to a greater standardization of appearances. Many strategies are developed by either old or recently « arrived » elites. And through different types of mirrors, from the small « low-range » greenish model to the large and luminous swing-mirror, a whole social world unfolds in and through the reflections. And since the 1850s, mirrorwardrobes have « seen » a growing middle class. The last part of this research is very largely devoted to the « specular and spectacular orgy » that flourishes on the stages of theatres and concert halls. A wide variety of games around the mirrors are set up, in dialogues as well as in scenographies using framed mirrors and trickery in order to develop, in particular, a certain meta-theatricality, even a « pre-cinematography ». The artistic hybridizations and influences on literature of these « eye feasts » are sketched out, as well as avenues for future research.

 

Composition du jury :

Jean-Claude YON, Professeur des Universités, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines Paris-Saclay, FRANCE – Directeur de thèse

Jean-Claude CARON, Professeur Emérite, Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand, FRANCE – Examinateur

Mme Stéphanie SAUGET, Professeur des Universités, université François Rabelais Tours, FRANCE – Rapporteur

Mme Anne-Claude AMBROISE-RENDU, Professeur des Universités, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines Paris-Saclay, FRANCE – Examinateur

Mme Pauline LEMAIGRE-GAFFIER, Maître de Conférences, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines Paris-Saclay, FRANCE – Examinateur

Mme Anne-Laure CARRÉ, Ingénieur de Recherche, Musée des Arts et Métiers, FRANCE – Examinateur

Mme Florence NAUGRETTE, Professeur des Universités, Université Paris-Sorbonne, FRANCE – Rapporteur

Résumé :

Les champignons capables de dégrader le bois sont les principaux organismes permettant un recyclage du bois dans la nature. Leur développement dans le bâtiment peut être la cause de dégâts importants et est d’autant plus problématique lorsque ces champignons se développent dans des bâtiments historiques ou chaque élément présent a une valeur historique. La lutte contre ces champignons lignivores se fait principalement par l’utilisation de fongicides pouvant se révéler être toxiques pour l’Homme ainsi que l’environnement.

L’objectif de ces travaux a été d’appréhender la diversité fongique présente dans deux bâtiments historiques présentant des degrés de contamination fongique et de biodégradation du bois différents au moyen de plusieurs techniques analytiques, d’optimiser un protocole d’identification fongique à l’aide de la spectroscopie infra-rouge à transformée de Fourier couplée à un outil d’analyse statistique en vue de compléter l’éventail de techniques pouvant être employées afin d’évaluer la diversité fongique et d’initier le développement de traitements alternatifs permettant de lutter contre les champignons lignivores. Pour les bâtiments étudiés, une forte diversité fongique a été observée, et les principaux agents responsables de la biodégradation du bois ont été identifiés. La description de la diversité fongique a permis d’avoir un premier aperçu des interactions impliquées entre les champignons lors de la colonisation du bois dans le bâtiment. L’analyse d’isolats fongiques par spectroscopie infra-rouge après croissance dans des conditions standardisées s’est révélée permettre une discrimination entre différentes espèces et entre des souches appartenant à une même espèce. Différentes stratégies de biocontrôle mettant en œuvre une souche fongique, une souche bactérienne ou des huiles essentielles ont montré un grand potentiel pour ce type d’approche afin de lutter contre des champignons lignivores.

Composition du jury :

– Pr. Philippe Gérardin Laboratoire LERMAB Université de Lorraine, Nancy, rapporteur.

– Pr. Laura Bruno Laboratory of Biology of algae, University of  Roma Tor Vergata, Italy, rapporteur.

– Pr. Christine Roques, Université de Toulouse, UPS, LGC (Laboratoire de Génie Chimique) examinateur.

– Dr. Faisl Bousta LRMH Ministère de la culture et de la communication, co-encadrant

– Dr. Agnès Mihajlovski Laboratoire ERRMECe Université de Cergy-Pontoise co-encadrant.

– Pr. Patrick Di Martino Laboratoire ERRMECe Université de Cergy-Pontoise, Directeur de thèse.

Résumé :

Centrée sur le règne des trois premiers Valois (1328-1380), cette thèse a pour objectif d’étudier la construction, le fonctionnement et les pratiques du groupe social formé par les notaires et secrétaires exerçant à la chancellerie royale française. Elle se fonde pour cela sur l’examen combiné de leurs pratiques scripturales et de leurs parcours. Ce travail s’appuie sur l’étude de l’intégralité des registres de chancellerie de Philippe VI, Jean le Bon et Charles V. Sujets d’une archéologie textuelle, ces documents sont considérés comme des unités de sens composées de plusieurs strates d’actions humaines s’échelonnant de leur création au XIXe siècle. Une étude comparative avec les registres du Parlement civil contemporains est menée dans le but de déterminer s’il existe, au sein de l’administration royale, un ou plusieurs arts du registre. Les mentions extra sigillum, la signature et les sceaux personnels de plusieurs notaires et secrétaires sont également analysées. Ces marqueurs personnels nous donnent accès tant à des pratiques administratives qu’à l’expression d’une individualité. En pleine expansion sous les trois premiers Valois, l’ornementation des chartes et des registres est également l’objet d’une étude. Pratique connexes aux deux genres documentaires, elle développe une rhétorique visuelle dans le temps long. Les parcours d’une vingtaine de notaires et secrétaires royaux sont enfin appréhendés afin de mettre en évidence les caractéristiques et points de cohésion de ce groupe professionnel devenu communauté confraternelle suite à la création de leur confrérie en mars 1351.

Composition du jury :

Pierre Chastang, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, Directeur de thèse

Ghislain Brunel, Archives nationales, Co-directeur de thèse

Elisabeth Lalou, Université de Rouen, Rapporteur

Valérie Theis, Ecole normale supérieure (Ulm),

Rapporteur Catherine Kikuchi, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, Examinateur

Patrick Boucheron, Collège de France, Examinateur

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