Résumé :

La conservation-restauration existe depuis l’Antiquité mais ne s’est vue attribué l’étiquette de discipline à part entière, dotée de sa déontologie et de son éthique, que depuis la seconde moitié du XXème siècle. Cette formalisation tardive a pour conséquence l’hétérogénéité flagrante des choix et traitements de restauration effectués mais aussi de la création de lacunes dans la documentation de l’histoire matérielle moderne du patrimoine concerné. Pourtant, si les archives écrites ne nous racontent parfois qu’une partie des travaux, les photographies d’archives peuvent, elles aussi, nous parler.

Le travail de thèse explore les utilisations possibles des photographies d’archives du complexe archéologique des temples de Karnak (Égypte) et plus spécifiquement celles de deux monuments : la Chapelle Blanche de Sésostris Ier et le Kiosque de Taharqa. La recherche se concentre autour de la réécriture de l’histoire des restaurations de ces deux édifices en s’appuyant sur l’utilisation des archives photographiques. La thèse vise à explorer les potentiels d’exploitation et de modification de ces photographies dans des outils numériques (photogrammétrie à partir d’archives, orthomosaïque, montage panoramique numérique) pouvaient apporter de nouvelles informations, afin d’offrir une vision plus précise de l’évolution des anciennes restaurations et de l’état d’altération des deux monuments. A des fins de comparaison, une photogrammétrie du Kiosque de Taharqa et de la Chapelle Blanche de Sésostris Ier a été faite durant la thèse, afin de procéder à des comparaisons à partir de relevés de constats d’état. Ainsi, les données et visuels obtenus à partir des photographies d’archives deviennent le support de constat d’état historicisé, des temps « -1 » (et « -2 ») dont la comparaison à l’état actuel permet de recomposer une histoire des pratiques de la restauration à Karnak.

Composition du jury :

M. Laurent COULON, Directeur d’études, EPHE-PSL, Rapporteur

M. Livio DE LUCA, Directeur de recherche, UPR 2002 MAP CNRS, Rapporteur

Mme Clotilde PROUST, Maîtresse de conférences, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Institut d’art et d’archéologie, Examinatrice

M. Jérémy HOURDIN, Ingénieur de recherche, Centre Franco-Egyptien d’Etudes des Temples de Karnak CFEETK UAR 4172/CNRS, Examinateur

M. François GUENA, Professeur émérite, École nationale supérieure d’architecture de Paris La Villette, Co-directeur de thèse

Mme Anne LEHOERFF, Professeure, Héritage/s UMR9022, CY Paris Université, Co-directrice de thèse

Mme Sigrid MIRABAUD, Chargée de recherche, Direction générale des patrimoines et de l’architecture, Encadrante de thèse

Résumé :

La perception, principalement visuelle, est fondamentale dans l’évaluation du processus de conservation-restauration d’une peinture de chevalet. L’objectif de cette thèse est d’étudier les apports pour le restaurateur de la mesure instrumentale de l’apparence comme outil complémentaire d’aide à la décision et à la traçabilité. On s’intéresse en particulier aux changements d’apparence résultant d’une intervention usuelle : le nettoyage. L’enjeu est de sonder les liens entre perception visuelle et mesures optiques afin d’identifier la combinaison de paramètres physiques représentatifs de la perception lors du processus de restauration. Ainsi, des mesures de couleur, brillant, rugosité et fluorescence – avec des résolutions, géométries de mesures et échelles d’investigation différentes – ont été menées sur un ensemble d’éprouvettes fabriquées spécifiquement pour ce travail de thèse et conçues en collaboration avec des restaurateurs pour être proches de cas réels. En parallèle, une expérience de classement par rangs a permis de travailler plus spécifiquement sur les descripteurs brillant, saturation, jaunissement et homogénéité, couramment utilisés par les restaurateurs. Les données sensorielles, corrélées aux données instrumentales, par une méthode psychophysique, ont permis d’identifier les paramètres physiques les plus représentatifs de ces descripteurs. En outre, une analyse multivariée, l’analyse discriminante linéaire (ADL) combinée à l’analyse de variance multivariée (MANOVA), a permis d’identifier la combinaison des descripteurs physiques la plus adaptée à l’étude des changements d’apparence lors du processus de restauration. Ainsi, il a été identifié que les paramètres relatifs au jaunissement et à la saturation sont les plus informatifs.

Composition du jury :

M. Mathieu HÉBERT, Professeur, Université Jean Monnet St-Etienne – Institut d’Optique Graduate School, Rapporteur

M. Pascal MAMASSIAN, Directeur de recherche, École Normale Supérieure, Rapporteur

Mme Sophie JOST, Maîtresse de conférences, ENTPE – Université de Lyon, Examinatrice

M. Jon Yngve HARDEBERG, Professor, NTNU, Examinateur

Mme Christine ANDRAUD, Professeure, Muséum National d’Histoire Naturelle, Co-Directrice de thèse

M. Stéphane SERFATY, Professeur des universités, CY Cergy Paris Université, Co-Directeur de thèse

Mme Sandie LE CONTE, Ingénieure de recherche, Laboratoire de recherche de l’INP, Co-encadrante de thèse

M. Vincent GAUTHIER, Maître de conférences, CY Cergy Paris Université, Co-encadrant de thèse

Mme Claudia Fritz, Chargée de recherche , Équipe LAM – Lutheries-Acoustique-Musique, Institut Jean le Rond d’Alembert UMR 7190, Sorbonne Université – CNRS, Paris,France, Invitée

Résumé :

Ce doctorat porte sur l’étude de l’altération du smalt, un pigment de synthèse constitué de verre bleu teinté au Co et riche en K. Utilisé du XVe au XVIIIe siècle dans les peintures de chevalet, fresques et sculptures polychromes, le smalt est connu pour sa tendance à perdre sa couleur bleue et à virer au jaune-gris en présence de liant. Cette décoloration irréversible, bien que connue des artistes de l’époque, entraîne des modifications permanentes des œuvres. Si le mécanisme d’altération du smalt a été étudié et est globalement compris, les facteurs influençant ce phénomène, tels que la lumière,
l’humidité, la température, le liant et la présence d’autres pigments, demeurent mal identifiés. Or, dans une perspective de conservation des œuvres, il est crucial de mieux comprendre ces facteurs. Par ailleurs, la restitution de l’état initial des peintures reste une question centrale pour les conservateurs et restaurateurs.

Le premier objectif de cette thèse est de définir les paramètres influençant la dégradation du smalt dans les peintures de chevalet et sur des échantillons modèles. L’interaction du smalt avec le blanc de plomb, pigment blanc largement utilisé à l’époque, a été étudiée, notamment par microscopie électronique à balayage, diffraction de rayons X et spectroscopie d’absorption X au seuil K du Co. Le liant étant une source de protons dans le mécanisme d’altération du smalt, son influence a été examinée en recréant et en vieillissant des échantillons modèles avec différents liants : huile de lin, huile de noix et jaune d’œuf. Ces échantillons ont été analysés pour comprendre les effets du vieillissement sur leur composition. Parallèlement, des coupes transversales de peintures historiques contenant du smalt ont été examinées selon les mêmes méthodes pour valider les résultats obtenus sur les échantillons modèles. La spectroscopie XANES au seuil K du Co a permis de déterminer l’état de coordination des ions Co2+ dans les grains de smalt et d’évaluer leur altération. Le XANES au seuil K du K a également permis d’analyser les transformations subies par le K lors de sa lixiviation, offrant ainsi des indices sur la modification de la matrice silicatée et son interaction avec le liant au cours de l’altération.

Le second objectif de cette thèse est de proposer une première procédure pour simuler numériquement la couleur d’origine des œuvres contenant du smalt altéré. Bien que la
restauration physique de la couleur du pigment soit impossible, des simulations virtuelles peuvent permettre de donner une idée de l’apparence initiale des peintures. Une méthode combinant la cartographie par fluorescence macroscopique de rayons X (MA-XRF), la spectroscopie d’imagerie par réflectance (RIS), la spectroscopie d’absorption X (XAS) et le Machine Learning pour simuler les couleurs originales des tableaux en prenant en compte leurs matérialités a été développée.

Composition du jury :

M. Georges CALAS, Sorbonne Université UPMC, Institut de minéralogie, de physique des matériaux et de cosmochimie, Rapporteur

M. Livio DE LUCA, UPR 2002 MAP – Modèles et simulations pour l’Architecture et le Patrimoine, Rapporteur

Mme Katharina MÜLLER, Université Paris Saclay, Examinatrice

M. Gilles WALLEZ, Sorbonne Université, Examinateur

M. Matthias ALFELD, Delft University of Technology, Examinateur

M. Yves DUMONT, Université Saint-Quentin-en-Yvelines, Examinateur

Résumé :

Cette thèse propose de suivre la trajectoire d’instruments de musique non-européens acquis en période coloniale pour les musées parisiens. Elle questionne ainsi les effets de la patrimonialisation de ces objets d’usage, aux provenances et aux contextes d’acquisition variés, sur leur conservation matérielle depuis leur acquisition à la fin du xixe siècle jusqu’à nos jours. La mise en collection de biens culturels entraîne l’instauration de nouveaux gestes parfois très éloignés de ceux qui étaient employés pour leurs usages antérieurs. Ceux-ci témoignent des nouvelles fonctions attribuées à l’objet dont la conservation matérielle devient primordiale. La patrimonialisation des instruments de musique suscite des questionnements spécifiques liés à l’évocation, au maintien, voire à la réactivation de leur fonctionnalité. Pour les collections non-européennes, cette appréhension complexe se double de problématiques liées au fait de conserver, présenter et valoriser un objet culturellement éloigné du professionnel et du visiteur. Les parcours de ces instruments déplacés, intimement liés au développement de l’ethnologie et à l’histoire coloniale française et européenne, soulèvent des questions complexes tant du point de vue de l’histoire des collections que de celui des politiques publiques. En se fondant sur l’analyse historique et matérielle d’un corpus de luths conservés au Musée de la musique (Cité de la Musique – Philharmonie de Paris) et au musée du quai Branly – Jacques Chirac, acquis à partir de 1872 par le musée Instrumental du Conservatoire national de musique et le musée d’ethnographie du Trocadéro, ce travail explore les liens entre traces muséales et mémoires coloniales. Le geste du praticien ne pouvant être dissocié du contexte dans lequel il intervient, cette thèse vise à repositionner les pratiques muséales dans leurs contextes historiques et institutionnels. La trace matérielle devient alors le témoin du regard porté sur ces instruments et éclaire l’histoire muséale des collections issues de contextes coloniaux à l’heure où de nouvelles réflexions, portées par les débats sur leurs acquisitions, visent à une prise en charge éthique de ces biens culturels.

Composition du jury :

Noémie Étienne, Full professor, University of Vienna, Rapportrice

Julie Verlaine, Professeure, Université de Tours, Rapportrice

Martin Guerpin, Maître de conférences, Université d’Évry Paris-Saclay, Examinateur

Benoît de L’Estoile, Directeur de recherche, musée du quai Branly – Jacques Chirac, Examinateur

Anis Meddeb, Maître de conférences, Université de Tunis, Examinateur

Saskia Willaert, Conservatrice, Musée des Instruments de musique de Bruxelles, Examinatrice

Anaïs Fléchet, professeure, Sciences Po Strasbourg, Directrice de thèse

Alexandre Girard-Muscagorry, conservateur du patrimoine, Musée de la musique (Cité de la musique-Philharmonie de Paris), Encadrant de thèse

Stéphanie Elarbi, conservatrice-restauratrice, musée national d’Art moderne (Centre Pompidou), Encadrante de thèse

 

 

 

 

 

Résumé :

Les pierres du patrimoine subissent différentes sollicitations mécaniques, chimiques et/ou thermiques affectant leur durabilité. Comprendre les mécanismes conduisant à la fragilisation de ces matériaux est primordiale pour développer de nouvelles pratiques de conservation ou de restauration, permettant leur sauvegarde et leur transmission aux générations futures. La cristallisation de sels au sein des pierres du patrimoine est reconnue comme une cause majeure de leur endommagement. Le dérèglement climatique accentue l’impact des sels, notamment par des variations plus fréquentes de l’environnement direct (humidité, température). Les sulfates de sodium sont très couramment rencontrés dans la nature et sont considérés comme les plus destructeurs. Bien que ces sels soient très étudiés, les mécanismes associés à l’endommagement des matériaux demeurent mal compris. L’évolution des propriétés physiques et chimiques des matériaux est révélatrice de processus d’endommagement par les sels. Le suivi quantitatif de ces propriétés, où ont lieu les processus de cristallisation, demeure un véritable challenge scientifique en particulier in situ aux échelles des pores.
Cette thèse propose une méthodologie originale multi-échelle, combinant des analyses expérimentales et numériques de deux calcaires typiques des maçonneries du patrimoine (Savonnières et Saint Maximin), pour identifier et comprendre les mécanismes d’endommagement causés par les sulfates de sodium. À l’échelle mésoscopique (cm), les propriétés de transfert des fluides des échantillons sont étudiées via des expériences de perméabilité et d’imbibition capillaire. Les propriétés mécaniques dynamiques (module d’Young et coefficient de Poisson) sont suivies dans des expériences de propagation d’ondes élastiques. À l’échelle microscopique (µm – nm), la composition minéralogique des échantillons et leurs propriétés physiques (topographie, module d’Young, dureté) sont étudiées grâce au couplage de la spectroscopie Raman et de la microscopie à force atomique. Des modélisations numériques de type LSM (Latisse Spring Model) permettent d’extrapoler les résultats expérimentaux, obtenus à l’échelle microscopique, dans un espace 3D.
Une diminution du module d’Young et de la dureté des phases carbonatées des calcaires est observée au cours des cycles suggérant des processus d’endommagement mécanique. Cette diminution est plus importante le long des plans de clivage qui seraient des zones de faiblesse où se localiserait une micro-fissuration. Les modèles numériques obtenus semblent rendre compte de ce phénomène. La cristallisation de gypse est observée au sein des micropores des échantillons. Des figures de dissolution de la calcite ont également été identifiées dans les mêmes zones suggérant son altération chimique par dissolution. Des processus combinés, mécaniques et chimiques, pourraient ainsi être responsables de la dégradation des pierres par les sulfates de sodium.

Composition du jury :

Anne CHABAS, Professeure, Université de Paris-Est Créteil, Rapportrice

Jérôme FORTIN, Directeur de Recherche Cnrs, ENS Ulm, Rapporteur

Hannelore DERLUYN, Chargée de Recherche Cnrs, Université de Pau et des Pays de l’Adour, Examinatrice

Julie DESARNAUD, Chercheuse, KIK-IRPA Bruxelles, Examinatrice

Pierre M. ADLER, Directeur de Recherche Cnrs émérite, Sorbonne Université, Invité

Sébastien PERALTA, Maître de Conférences, CY Cergy Paris Université, Invité

Philippe BROMBLET, Ingénieur de Recherche, CICRP, Invité

Jérôme WASSERMANN, Ingénieur de Recherche, CY Cergy Paris Université, Encadrant de thèse

Ronan L. HEBERT, Professeur, CY Cergy Paris Université, Directeur de thèse

Jean-Louis GALLIAS, Professeur émérite, CY Cergy Paris Université, Directeur de thèse

 

 

 

 

Résumé :

Les vergers, lieux de culture d’arbres fruitiers, sont les miroirs des mutations profondes qui traversent la fin du Moyen-Age. Leur étude, au croisement de l’histoire de l’environnement, de l’histoire des savoirs, des techniques, des représentations et de l’histoire politique, a longtemps été laissée de côté par l’historiographie. La présente thèse comble ce manque par une enquête sur les vergers en France, Flandres et dans les États Bourguignons menée à travers une méthode d’approche interdisciplinaire alliant études quantitatives utilisant les humanités numériques et analyses de détail attentives à la matérialité des sources. Son objectif est de mieux comprendre ces espaces particuliers et à travers eux l’évolution du rapport des sociétés tardo-médiévales à leur environnement entre le XIVe et le milieu du XVIe siècle.

Ce travail nous a permis de montrer les spécificités, diversités et évolutions de l’espace du verger fruitier à la fin du Moyen Âge. La thèse a balayé de nombreuses idées reçues largement répandues, notamment sur les jardins médiévaux, et révélé des mutations significatives et symptomatiques d’évolutions anthropologiques majeures dans les rapports entre les sociétés tardo-médiévales et leur environnement.

 

 

Composition du jury :

Etienne ANHEIM, directeur d’Etudes à l’EHESS, examinateur

Pierre CHASTANG, professeur à l’UVSQ (Paris-Saclay), examinateur

Maxence HERMANT, conservateur à la BnF, co-encadrant de thèse

Laurence MOULINIER-BROGI, professeure à l’Université Paris Nanterre, rapportrice

Florent QUELLIER, professeur à l’Université d’Angers, rapporteur

Marie-Pierre RUAS, directrice de recherche au CNRS, co-directrice de thèse

Maaike VAN DER LUGT, professeure à l’UVSQ (Paris-Saclay), directrice de thèse

Fleur VIGNERON, professeure à l’Université Grenoble Alpes, examinatrice

 

 

 

 

Résumé :

Le blanc de zinc (ZnO), pigment moderne développé à la fin du XVIIIe siècle en tant qu’alternative non toxique au blanc de plomb, a été adopté dans la peinture à l’huile au milieu du XIXe siècle. Initialement utilisé aux côtés du blanc de plomb, son pouvoir couvrant plus faible et sa brillance en ont fait un pigment de choix pour les mélanges de couleurs, les points lumineux, mais aussi les empâtements et les préparations. Cependant, il peut provoquer des problèmes de conservation, par exemple en raison de la formation de savons de zinc. Connaître ce pigment est donc crucial pour les études techniques des œuvres d’art et leur conservation.

Cette thèse explore les propriétés et l’emploi des peintures à l’huile à base de blanc de zinc de l’échelle nano- et microscopique jusqu’à l’échelle macroscopique des œuvres d’art. Deux axes de recherche sont investigués par l’analyse de plusieurs types de matériaux complétée avec des recherches documentaires et une enquête auprès des professionnels du patrimoine : l’étude des propriétés physico-chimiques du blanc de zinc et de l’ampleur et des modalités d’emploi du pigment.

Le premier axe est abordé à travers l’analyse, à l’échelle nano- et micromètrique, d’un large corpus, unique et varié, de matériaux d’artiste historiques et modernes des fabricants européens et américains principaux, et d’une sélection d’échantillons issus d’œuvres, qui sont comparés à des matériaux de référence et des modèles de peinture. Plusieurs types de techniques d’analyse sont utilisés, allant de méthodes de laboratoire conventionnelles (microscopie optique et électronique, DRX) jusqu’à de larges instrumentations telles que l’accélérateur de particules AGLAE (PIXE, IBIL) et le synchrotron ESRF (DRX à haute résolution angulaire). Plusieurs composés ont été identifiés dans les matériaux de peinture, ce qui met en évidence certaines pratiques et adulterations des fabricants de couleurs. L’hydrozincite, probable produit de dégradation du ZnO, a été identifié dans plusieurs échantillons. Cette étude met en montre, parmi les matériaux historiques et modernes, des différences de composition, de taille des particules de ZnO et de comportement de luminescence. La morphologie et la taille des particules de ZnO et la pureté des matériaux analysés suggèrent une synthèse par méthode indirecte. La variété des comportments de luminescence, affectés également par d’autres facteurs liés au pigment et à son environnement, est, au contraire, plus difficile à interpréter.

Le deuxième axe est abordé à partir des campagnes de fluorescence X sur une cinquantaine d’œuvres analysées in-situ dans les musées, et l’étude détaillée d’une sélection de peintures au laboratoire. Cette recherche explore différents emplois du pigment à partir d’exemples précoces jusqu’à la moitié du XXe siècle, et constitue une véritable base de données des œuvres qui contiennent du blanc de zinc. En outre, l’étude souligne les limites de l’identification du blanc de zinc, notamment sur la seule base des analyses non-invasives de fluorescence X. L’intérêt d’un protocole non-invasif pour l’identification du pigment basé sur sa photoluminescence a été mis en valeur, ce qui est complémentaire à l’emploi de la cathodoluminescence pour l’étude invasive de matériaux de peinture.

Cette recherche constitue donc une référence sur les propriétés physico-chimiques et l’emploi du blanc de zinc, offrant des informations sur l’histoire matérielle du pigment et des œuvres d’art modernes en ouvrant des perspectives sur la conservation et l’authentification des œuvres

Composition du jury :

Victor Etgens, directeur, chef du département Recherche, C2RMF

Johanna Salvant, encadrante, ingénieure d’études, C2RMF

Daniela Comelli, rapporteur, associate professor, Politecnico di Milano

Klaas Jan van den Berg, rapporteur, professeur, University of Amsterdam et scientifique du patrimoine, Cultural Heritage Agency of the Netherlands (RCE)

Yves Dumont, examinateur, professeur, UVSQ – Université Paris-Saclay

Sigrid Mirabaud, examinateur, scientifique du patrimoine, Ministère de la Culture

Austin Nevin, examinateur, professeur et chef de la conservation, Courtauld Institute of Art, Londres

Anne Robbins, membre invitée, conservatrice peinture, musée d’Orsay

 

Résumé :

Les tapisseries représentent un trésor national et international d’une valeur inestimable. Elles reflètent l’histoire, la culture, un savoir-faire important et une signification symbolique et sociale de la société qui les a créées. Cependant, elles font face aujourd’hui à des défis de conservation majeurs. Elles sont d’une part parmi les œuvres les plus fragiles, et d’autre part, parmi les plus sollicitées du fait de leurs multiples manipulations ou de leur exposition prolongée. Par conséquent, il est essentiel aujourd’hui d’explorer des approches préventives et prédictives, pour anticiper .
Dans cette perspective, ce travail a pour but de proposer un cadre de modélisation capable de prédire le comportement mécanique des tapisseries pour des configurations d’exposition données. Nous avons estimé crucial de privilégier l’analyse de la réponse mécanique intrinsèque et structurale des tapisseries, un aspect peu exploré dans la littérature jusqu’à présent.
En premier temps, des campagnes expérimentales ont été réalisées dans l’objectif de caractériser la réponse des matériaux textiles, ce qui permet de sélectionner un modèle mécanique adapté aux contextes des tapisseries et de l’alimenter par des paramètres convenables. Il s’agit essentiellement des essais de traction et de fluage. Concernant ce dernier, la corrélation d’image numérique (CIN) était un élément clé pour la réussite du montage proposé. Les essais ont été appliqués d’abord sur des tissus contemporains, avant d’être réalisés sur des fragments de tapisseries historiques, datés du XVIIe pour les plus anciens. Ensuite, pour modéliser les tapisseries, nous avons étudié un modèle rhéologique viscoélastique-plastique à deux branches, de type Maxwell généralisé. Nous avons opté pour les lois de Hooke orthotrope, le critère de Hill de plasticité, ainsi qu’un écoulement plastique associé. Finalement, le problème est résolu numériquement, grâce aux calculs par éléments finis couplés à un problème de coques avec l’hypothèse des contraintes planes. Cela a permis de valider les résultats trouvés expérimentalement et ensuite de simuler des tapisseries sous différentes configurations. En effet, nous avons étudié l’évolution des déformations avec le temps, évalué différents systèmes de présentation (accrochage continu / discontinu, sur plan incliné, etc.), ainsi que la présence de défauts de tissage et de discontinuités.

Composition du jury :

Salima AGGOUN , directrice, Professeure des universités, CY Cergy Paris Université

Boumediene NEDJAR, co-directeur, Professeur des universités, Université d’Evry Paris-Saclay

Mohamed DALLEL , co-encadrant, Ingénieur de recherche, Responsable du pôle scientifique « Textile » LRMH / CRC (MC-MNHN-CNRS)

Marc QUIERTANT , rapporteur, Directeur de recherche, ESTP – Campus de Cachan

Ann BOURGÈS , rapporteure, Ingénieure de recherche, HDR, C2RMF

Sébastien RÉMOND, examinateur,Professeur des universités, Université d’Orléans 2

Cécilia GAUVIN, examinatrice, Docteur-Ingénieure, Scientifique du patrimoine culturel, Bureau d’étude S-MA-C-H

Roberta CORTOPASSI , membre invitée, Conservateur en chef, Musée du Louvre

Résumé :

De 1783 à 2010, le domaine de Rambouillet est pensé comme un territoire-vitrine des princes et de l’État. La double fonction politique de résidence et de site modèle et vitrine invite à se saisir d’une histoire environnementale du pouvoir au domaine, c’est-à-dire l’étude des rapports de force politiques permanents et les relations de conflictualité entre les différents acteurs et communautés, humains et autres qu’humains sur le territoire. Il s’agira notamment de suivre comment les princes et l’Etat mettent en place des politiques de la nature à l’échelle locale, que ce soit autour des chasses princières, de la privatisation des lieux ou bien autour de l’histoire de la Bergerie nationale, de son troupeau de mérinos de Rambouillet. Des programmes de modernisations qui sont ensuite diffusés à l’échelle régionale, coloniale et internationale. L’histoire environnementale de la chasse et de l’élevage permet d’interroger les frontières de la conservation de la nature, des processus de modernisations et de préciser la fabrication technique et scientifique des sauvages et des domestiques par les Modernes depuis le XVIIIe siècle. L’enquête s’intéresse autant à l’histoire des populations de grand gibier et à leur gestion dans le temps long qu’à la notion de race et aux manières dont les gestionnaires prennent en charge les animaux politiques comme le cerf, le faisan ou le mouton. Le mérinos de Rambouillet est l’une des premières races pures créée en France à partir de 1786 et sa trajectoire à travers plusieurs continents pendant l’ère coloniale et postcoloniale démontre l’influence du « nom de Rambouillet » à travers les époques et les lieux. Au domaine de Rambouillet, peut-être plus qu’ailleurs, c’est dans ce qui est en train de devenir la nature, que les rapports de force se révèlent et que l’histoire environnementale trouve un terrain fertile pour une approche du pouvoir par la forêt, la chasse et l’élevage, en un mot, par la nature.

Composition du jury :

Anne-Claude AMBROISE-RENDU, co Directrice, professeur des universités, HDR, Université de Versailles-Saint-Quentin

Grégory QUENET, co Directeur, professeur des universités, HDR, Université de Versailles-Saint-Quentin

Charles-François MATHIS, Rapporteur, Professeur des universités, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Jérôme BURIDANT, Examinateur, Professeur des universités, Université de Picardie Jules Verne

Sylvie DALLET, examinatrice, Professeure des universités, Université de Versailles-Saint-Quentin

Guillaume BLANC, Rapporteur, Maître de conférences HDR, Université Rennes 2

Maike SCHMIDT, Examinatrice, Chargée de recherche, Universität Leipzig

Steve HAGIMONT, Examinateur, Maître de conférences, Université de Versailles-Saint-Quentin

Résumé :

Résumé :

En conservation-restauration, les comblements des artefacts en plâtre sont fréquemment réalisés en raison de la fragilité de ce matériau. Afin de pallier les altérations produisant des instabilités structurelles et/ou visuelles et esthétiques, des matériaux non originaux sont appliqués : réalisés in situ par modelage de matière fraîche, ou par fixation d’une pièce mise en œuvre à part. En fonction des critères déontologiques et techniques, divers matériaux peuvent être utilisés. Afin de mieux les connaître, une étude a été menée en développant une méthodologie pluri-disciplinaire allant des techniques analytiques aux différents champs de la conservation-restauration.

Dans un premier temps, un corpus d’artefacts a été étudié, constitué de deux collections du musée du Louvre : la statuaire moulée de la gypsothèque et les cadres du XIXe siècle, en associant observations des comblements et étude documentaire. Différents usages ont été constatés, comme celui de matériaux identiques aux originaux ainsi que celui visant une différenciation par l’ajout d’additifs. À partir de ces données, des formulations de plâtre, aux rapports massiques eau/plâtre échelonnés, additionnées de carbonate de calcium et de dioxyde de titane ont été sélectionnées pour caractérisation.

Dans un deuxième temps, les aspects micro-structurels ont été examinés par observations aux microscopes optique et électronique à balayage (MEB). Les éléments ont été identifiés par analyse en spectroscopie à dispersion d’énergie (MEB-EDS). La caractérisation des aspects rhéologiques à l’état frais a été traitée dans un troisième temps afin de calibrer et classer les textures. Des correspondances entre les consistances ont été établies, offrant des gammes d’usages pâteux à fluides, adaptées aux méthodes par modelage ou par coulée.

Une quatrième phase a permis la caractérisation des propriétés mécaniques à l’état solide, en mesurant les résistances à la compression et à la flexion 4 points, et en calculant les modules d’élasticité. Enfin, un protocole de suivi a évalué la stabilité de trois artefacts, restaurés entre 2015 et 2017, par des relevés et des corrélations d’images 3D haute définition. Un des artefacts a également été équipé de capteurs de déplacement afin de compléter le suivi. L’étude et la caractérisation des formulations de comblement, en liant les aspects physico-chimiques et structurels, à différentes échelles et selon les états frais ou pris, peuvent alors assister les choix des spécialistes de la conservation-restauration en fonction des conditions d’intervention. Le protocole est ajustable pour étudier d’autres formulations ou d’autres matériaux, typologies ou spécialités du patrimoine.

Composition du jury :

François Pernot, professeur des universités, HDR, CY Cergy Paris Université (Directeur)

Yannick Mélinge, professeur des universités, HDR, CY Cergy Paris Université, Laboratoire de recherche des monuments historiques (détachement) (Encadrant)

Anne-Solenn Le Hô, ingénieure de recherche, Centre de recherche et de restauration des musées de France / Chimie ParisTech, Research University, CNRS, IRCP (Encadrante)

Aurelia Badde, conservatrice-restauratrice de sculpture (Berlin)

Ann Bourgès, ingénieure de recherche, HDR, Centre de recherche et de restauration des musées de France (Rapporteur)

Catherine Chevillot, conservatrice générale du patrimoine, docteure en Histoire, Cité de l’architecture et du patrimoine

Christophe Lanos, professeur des universités, HDR, Université de Rennes – IUT de Rennes (Rapporteur)

Delphine Morana Burlot, maîtresse de conférences, HDR, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

 

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