Résumé :

Le chapitre de Notre-Dame de Paris, malgré sa centralité dans l’espace parisien, est resté absent de la récente relecture historiographique des sources médiévales. Convoquant les méthodes de l’archéologie textuelle et les problématiques de l’histoire des pratiques de l’écrit, cette thèse explore les rapports du chapitre à la documentation qu’il produit et conserve, à l’époque de cette révolution quantitative et qualitative qu’est le XIIIe siècle. Revenant sur l’apparition de la chancellerie capitulaire, elle étudie l’évolution de sa production et de son fonctionnement entre XIIe et XIIIe siècles et analyse les rapports qu’elle entretient avec les nouveaux bureaux d’écriture qui se mettent en place à la cathédrale autour de 1210 : les officialités. L’histoire de l’écrit capitulaire étudiée dans cette thèse est également celle de sa conservation sur le long terme, depuis les coffres et les cartulaires du XIIIe siècle jusqu’à la confiscation des archives au moment de la Révolution française. L’étude des pratiques de l’écrit permet plus largement de réfléchir aux problématiques sociales et politiques d’affirmation institutionnelle et d’appropriation du territoire spécifiques à un long XIIIe siècle.

Despite its centrality in the Parisian area, the chapter of Notre-Dame de Paris has remained absent from the recent historiographical focus on medieval sources. Convoking the methods of textual archaeology and the problems of the history of writing practices, this thesis explores the chapter’s relationship to the documentation it produces and preserves at the time of the quantitative and qualitative revolution of the 13th century. Revisiting the emergence of the chapter chancery, it studies the evolution of its production and functioning between the 12th and the 13th centuries and it analyses the relationship it has with the new writing offices that are set up in the cathedral around 1210: the officialities. The history of chapter writing studied in this thesis is also that of its long-term preservation, from the chests and cartularies of the 13th century to the confiscation of the archives during the French Revolution. The study of writing practices makes it possible to reflect more broadly on the social and political stakes of institutional affirmation and appropriation of the territory specific to a long 13th century.

Composition du jury :

M. Pierre CHASTANG, Professeur des Universités, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, Directeur de thèse
Mme Olivier GUYOTJEANNIN, Professeur, École nationale des Chartes, Rapporteur
Mme Julie CLAUSTRE, Maître de Conférences, Université Paris I – Panthéon Sorbonne, Rapporteur
M. Florian MAZEL, Professeur des Universités, Université Rennes 2, Examinateur
Mme Maaike VAN DER LUGT, Professeur des Universités, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, Examinateur
M. Ghislain BRUNEL, Conservateur général du patrimoine, Archives nationales, CoDirecteur de thèse

Résumé :

Cette thèse vise à interroger la nature des conduites esthétiques que l’on peut observer dans des Musées et à explorer les fonctions cognitives sous-jacentes à l’aide d’une plateforme robotique humanoïde « Le robot BERENSON ».

Ce projet interdisciplinaire mêle informatique, robotique et les sciences humaines et sociales. L’hypothèse centrale de la thèse est que l’expérience esthétique en général – et la fréquentation des musées en particulier – offrent un contexte privilégié d’apprentissage, qui incite chacun à percevoir et à apprécier des objets de différents points de vue sur un plan cognitif.

La mise en place d’un modèle développemental, les expériences robotiques dans et hors musée permettent de tester sur le long terme des modèles d’apprentissage autonome. Ces modèles sont constitués de réseaux de neurones simples effectuant des apprentissages de valence et permettant des interactions complexes au niveau social. Nous avons montré que les propriétés émergentes des interactions avec les visiteurs améliorent l’apprentissage du robot dans des situations hors musée. Nous nous concentrons sur la modélisation des mécanismes élémentaires  permettant aux robot d’apprendre à interagir avec un humain à propos d’un objet donné et de communiquer à son sujet.

Composition du jury :

Rachid Alami – LAAS Toulouse – Rapporteur

Nicolas Rougier – INRIA Bordeaux – Rapporteur

Mathias Quoy – Université de Cergy-Pontoise – Examinateur

Peter Ford Dominey – INSERM Dijon ENSTA-ParisTech – Examinateur

Serena Ivaldi – Inria Nancy – Examinateur

Philippe Gaussier – Université de Cergy-Pontoise – Directeur de thèse

Denis Vidal – EHESS Paris – Co-Directeur de thèse

Sofiane Boucenna – Université de Cergy-Pontoise – Encadrant de thèse

Résumé :

Le miroir a menti. Malgré les apparences, malgré une présence multiséculaire de cet objet dans la peinture et la littérature, et malgré même parfois les analyses de certains ouvrages, le miroir constitue un outil et un cadre récents si on considère sa diffusion. À la veille de la Révolution française, il demeure un objet « neuf » pour la majorité de la population française. Si sa démocratisation s’amorce au XVIIIe siècle, elle prend toute sa force et son ampleur au cours du siècle suivant. Cette recherche vise avant tout à explorer les tenants et les aboutissants de ce mouvement historique qui n’a rien de linéaire. Trois axes structurent l’approche. Dans un premier temps, c’est la question de la présence du miroir dans les intérieurs du XVIIIe qui est posée, à travers sa matérialité même, son industrie et l’immense disparité des qualités existantes, comme dans les représentations culturelles (religieuses, morales, sociales et politiques) associées à l’objet. Des discours proposés sur les scènes de théâtre – avec, ou plus fréquemment sans, la présence de l’objet – pour le moquer ou jouer de la méconnaissance des reflets, jusqu’aux discours et débats de la période révolutionnaire accompagnant et légitimant des destructions de glaces nobiliaires, avant que le pragmatisme et les besoins financiers de la République et de l’Empire n’imposent une stricte réglementation de la vente des glaces saisies, le XVIIIe siècle n’est pas avare de considérations sur les miroirs. Le deuxième axe de la recherche se focalise sur le XIXe siècle qui correspond à une explosion de la production et de la consommation des miroirs, accompagnées et aidées en cela par une forte baisse des prix des petits miroirs et plus encore des « glaces » (entendues comme « grands miroirs »). Les « guerres » industrielles entre l’ex-manufacture royale des glaces, Saint-Gobain, et sa rivale Saint-Quirin (avant une entente de cartel), et celles menées contre de populaires petits miroirs et de moyennes glaces provenant de Bavière, forment le terreau favorable aux prémices d’une « consommation de masse ». La chute des prix n’est pas seule en cause. La notion de luxe associée au reflet de soi et à l’attention qu’on peut y porter est également attaquée dans sa dimension de « superflu » quand les espaces publics, les romans, le théâtre, et une réclame textuelle ou visuelle, viennent dire et jouer autour de cette « importance » et « nécessité » des reflets. Distinction, ascension sociale, maîtrise de codes et d’attitudes corporelles, regard attentif et aiguisé s’expérimentent et s’apprennent pour un nombre croissant d’individus, sinon toujours de « citoyens » à part entière dans les différents régimes politiques qui se succèdent au cours du XIXe siècle. Cependant, une société fréquemment agitée dans ses assises sociales et politiques voit des disparités anciennes demeurer et de nouvelles se créer en réaction à une standardisation des apparences plus poussée. De nombreuses stratégies sont développées par les élites, anciennes ou récemment « arrivées ». Et, à travers différents types de miroirs, du petit modèle verdâtre « bas-de-gamme » à la grande, lumineuse et ultra-élitaire psyché, tout un monde social se déploie dans et par les reflets. Les armoires à glace « voient », à partir des années 1850, une classe moyenne qui s’étend et gagne en « importance ». La dernière partie de cette thèse est très largement consacrée à « l’orgie spéculaire et spectaculaire » qui s’épanouit sur les scènes des théâtres et dans les salles de spectacles. Une grande variété de jeux autour des miroirs se met en place, dans les dialogues comme dans des scénographies usant des cadres miroitants et de trucages afin de développer, notamment, une certaine méta-théâtralité, voire une « précinématographie ». Les hybridations artistiques et les influences sur la littérature de ces fêtes de l’œil sont esquissées, ainsi que des pistes pour de prochaines recherches.

The mirror lied. Despite appearances, despite a several centuries-old presence of this object in painting and literature, and sometimes even in the analysis of some books, the mirror constitutes a recent tool and framework in terms of its diffusion. On the eve of the French Revolution, it remained a « new » object for the majority of the French population. While its democratization began in the 18th century, it took on its full force and scope in the following century. This research aims above all at exploring the ins and outs of this historical movement, which is anything but linear. It is organized around three axes. First, the question of the presence of the mirror in 18th century interiors is studed, through its very materiality, its industry and the immense disparity of existing qualities, as well as in the cultural (religious, moral, social and political) representations associated with the object. From speeches pronounced on the stages of theatres, with or more frequently without, the presence of the object, to mock it or play with the ignorance of reflections, to speeches and debates of the revolutionary period accompanying and legitimizing the destruction of noble mirrors, before the pragmatism and financial needs of the Republic and the Empire imposed strict regulations on the sale of seized mirror, the 18th century was not lacking in considerations on mirrors. The second axis of this research focuses on the 19th century that corresponds to an explosion in the production and consumption of mirrors, accompanied and assisted by a sharp drop in prices, small mirrors and even more « large mirrors ». The industrial « wars » between the former royal mirror manufacturer, Saint-Gobain, and its rival Saint-Quirin (before a cartel agreement), and those against popular small and medium-sized mirrors from Bavaria, formed the breeding ground for the first signs of « mass consumption ». The fall in prices is not the only reason. The notion of luxury associated with self-reflection and the attention that can be paid to it is also attacked in its « superfluous » dimension when public spaces, novels, theatre, and a textual or visual advertisement come to say and play around this « importance » and « necessity » of reflections. Distinction, social ascension, mastery of codes and of body attitudes, attentive and sharpened eyes are experienced and learned by an increasing number of individuals, if not always full-fledged « citizens » in the various political regimes that followed one another during the 19th century. However, a society that is frequently restless in its social and political foundations sees old disparities remain and new ones apperar in response to a greater standardization of appearances. Many strategies are developed by either old or recently « arrived » elites. And through different types of mirrors, from the small « low-range » greenish model to the large and luminous swing-mirror, a whole social world unfolds in and through the reflections. And since the 1850s, mirrorwardrobes have « seen » a growing middle class. The last part of this research is very largely devoted to the « specular and spectacular orgy » that flourishes on the stages of theatres and concert halls. A wide variety of games around the mirrors are set up, in dialogues as well as in scenographies using framed mirrors and trickery in order to develop, in particular, a certain meta-theatricality, even a « pre-cinematography ». The artistic hybridizations and influences on literature of these « eye feasts » are sketched out, as well as avenues for future research.

 

Composition du jury :

Jean-Claude YON, Professeur des Universités, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines Paris-Saclay, FRANCE – Directeur de thèse

Jean-Claude CARON, Professeur Emérite, Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand, FRANCE – Examinateur

Mme Stéphanie SAUGET, Professeur des Universités, université François Rabelais Tours, FRANCE – Rapporteur

Mme Anne-Claude AMBROISE-RENDU, Professeur des Universités, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines Paris-Saclay, FRANCE – Examinateur

Mme Pauline LEMAIGRE-GAFFIER, Maître de Conférences, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines Paris-Saclay, FRANCE – Examinateur

Mme Anne-Laure CARRÉ, Ingénieur de Recherche, Musée des Arts et Métiers, FRANCE – Examinateur

Mme Florence NAUGRETTE, Professeur des Universités, Université Paris-Sorbonne, FRANCE – Rapporteur

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