Les paysages de France face à la modernité. La construction d’une politique patrimoniale de protection de la nature au temps de la Troisième République – PatriNat3

L'ambition de cette enquête est de tracer la généalogie et les premiers pas de la politique française de patrimonialisation de la nature. Il s'agit de comprendre l'élaboration et la mise en application de la législation, de mettre en évidence les enjeux qui se cachent derrière cette politique en questionnant les choix de patrimonialisation, mais aussi d'envisager les effets pervers de cette politique. Quelle nature s'agit-il de préserver et à quel prix ? Des associations créées dans le dernier tiers du XIXe siècle ont interpellé l'État afin que ce dernier prenne des mesures pour protéger les paysages. Ce mouvement intervient dans un contexte où la modernité étend sa toile sur le pays. Ce n'est pas tant le vivant pour le vivant qu'il convient de protéger, mais ces beaux paysages menacés par les carrières, les usines ou encore les panneaux publicitaires. La loi de 1906, qui organise la protection des sites et monuments naturels de caractère artistique, constitue une étape importante. Cette loi crée les Commissions départementales des sites et monuments naturels. Grâce à leurs archives, il est possible d'analyser les choix de patrimonialisation et la recherche d'une conciliation entre le développement économique et la protection d'une nature considérée comme le support d'identités locales ou nationales. Finalement, en s'engageant dans l'élaboration de cette politique, le régime républicain n'a-t-il pas pour ambition d'inventer une « nature républicaine » qui lui permettrait alors de se renforcer ?